Découvrez les lieux cachés de Beaune !
Que diriez-vous de (re)découvrir Beaune ? Eh oui, Beaune recèle d’endroits cachés ou méconnus que seuls ses habitants connaissent…
Dans cette série d’articles, on vous propose d’aller à la rencontre de lieux secrets ou insolites et de redécouvrir l’histoire de Beaune : désormais, vous serez bien plus qu’un simple touriste dans notre ville !
Et si je vous emmenais dans le jardin de l’hôtel Boussard admirer le chitalpa ?
Voilà une phrase énigmatique qui va en apostropher plus d’un ! Plus d’un visiteur de ce blog, mais surtout plus d’un Beaunois ! Et pourtant, nous sommes là en plein cœur de Beaune, sur la place Monge.
Si je vous dis que ce jardin était pendant des années celui de la Banque de France, vous y voyez déjà plus clair. En effet, quand la Banque de France a quitté Beaune en 2005, la municipalité a eu la bonne idée de récupérer ce superbe emplacement, où j’aime aujourd’hui aller lire tranquillement au soleil. C’est désormais un beau jardin clos, paisible et dans un cadre idyllique : d’un côté le beffroi, de l’autre la collégiale, la carte postale est toujours exceptionnelle quel que soit l’angle de vue.
Dans la cour à présent aménagée et ouverte au public, vous allez découvrir un arbre tout aussi insolite que le cadre qu’il habite, le chitalpa tashkentensis (dixit le service des jardins) : son feuillage pourpre, son ventre creux et sa béquille forment un couple décalé avec la statue de Dali sur son piédestal. Une sculpture monumentale appelée « le cabinet anthropomorphique », qui vous invite à pousser les portes du Dalinéum. Un lieu unique présentant plus de 200 œuvres originales signées Salvador Dali et une belle boutique ouverte tous les jours de 11H00 à 18H00.
Maintenant que vous connaissez l’adresse, votre curiosité fera le reste et nous nous y retrouverons peut-être ?…
Un peu d’histoire…
Cet hôtel appartenait autrefois à la famille Saumaise de Chazans, éminente famille protestante de Beaune. La famille Boussard de la Chapelle habita en 1791-1819 l’hôtel de la place Monge n°26, occupé ensuite par la Banque de France.
Henri Boussard de la Chapelle, banquier, avait recueilli ce bel immeuble dans la succession de son père, qui le possédait depuis plus de 30 ans. Ce dernier, mort en 1783, l’aurait donc acquis vers 1750. L’hôtel en question a été vendu le 21 juillet 1821 à Claude Michaud, négociant à Beaune, époux d’Anne-Félicité Moreil et maire de Beaune en 1830 puis de 1839 à 1848. Leur petit-fils vend l’hôtel de la place Monge à la Banque de France le 30 juillet 1903.
La Banque de France
La succursale beaunoise de la Banque de France ouvre ses portes le 21 mai 1885 rue Oudot sous la direction de Georges Muratier et emménage définitivement Place Monge en 1906.
En 1922, la Banque de France s’agrandit en rachetant la maison contiguë au Beffroi. Certains habitants de Beaune proposent alors à la municipalité de faire démolir l’immeuble accolé à la tour du Beffroi. Ce voeu sera enfin réalisé en 2008, lors de la rénovation de la cour (voir Archives municipales de Beaune, M 1 § 2 article 1 n°1).
Il existait dans ce dernier bâtiment un superbe plafond Renaissance en parfait état datant du milieu du XVIè siècle. Ce plafond a été donné à la Société d’Histoire et d’Archéologie (actuel Centre Beaunois d’Etudes Historiques) en 1923. La Société d’Histoire a déposé ce plafond dans une des salles du Musée Marey.
Ce bâtiment était la « maison du maïeur », endroit où le maire était logé à la Renaissance.
L’Ancien Hôtel de Ville
Ce bâtiment a aujourd’hui disparu. Il se tenait sur l’actuelle place Monge.
On s’accorde à penser que le bâtiment primitif a été construit au XVe siècle. La façade était en pierres de taille avec des créneaux et des tourelles en l’air aux deux angles. Au-dessus de la porte apparaissait le symbole du roi de France Louis XII : un porc-épic.
Cet hôtel de ville renfermait les archives de la ville, l’arsenal, les prisons, le dépôt de secours contre les incendies, la chambre du conseil, une chapelle et des bureaux. L’ancien hôtel de ville est démoli en 1795, la mairie étant désormais logée dans l’ancien couvent des Ursulines où elle se situe toujours.
Le Beffroi
Le beffroi domine la place où se trouvait l’ancien Hôtel de Ville détruit en 1795. C’est une tour rectangulaire de six étages à toit tétragone (à quatre angles), surmonté d’une lanterne à huit faces dont la charpente en bois est recouverte de plomb. Le bâtiment fait 41 mètres de haut et la toiture semble autrefois avoir été couverte de tuiles vernissées.
Si les fondations de la tour remontent au XIIe siècle, les étages supérieurs ont dû être construits au XIVe siècle. Le document le plus ancien conservé à propos du beffroi date de la fin du XIVe siècle : les Archives municipales conservent les lettres patentes du 20 avril 1395 par lesquelles le duc Philippe le Hardi demande aux religieux de l’abbaye de Maizière de céder à la commune de Beaune la tour et une salle attenante en échange de l’exemption des droits d’entrée pour les vins de leurs propriétés.
L’horloge est datée également de cette époque. En effet, une autre patente du 8 novembre 1398 crée un nouvel impôt sur le salignon de sel vendu au grenier de Beaune destiné à la construction d’une horloge « que l’on pourra ouïr dans toute la ville ». Usée, elle est remplacée en 1861. Sachez aussi que le Beffroi était doté d’un « horlogeur » officiel qui devait réparer, entretenir l’horloge » ! Et au sommet de la lanterne, la flèche portait une statue de la Vierge, remplacée au début du XVIIe siècle par celle d’un Mercure, lui-même enlevé à la Révolution.
L’ensemble architectural est manifestement d’influence flamande, car des similitudes existent par exemple avec le beffroi de Gand et celui de Douai.
Au milieu du XVIIIe siècle, une délibération est prise par le maire et les échevins pour démolir la tour et construire à la place des prisons ; heureusement ce projet n’aboutira pas, la démolition du bâtiment s’avérant trop coûteuse.
En 1853 un muséum d’histoire naturelle prend place au beffroi grâce à la générosité de Louis Chevignard de la Palue, puis en 1938 le musée du vin y est installé temporairement.
Un grand merci aux archives municipales de Beaune, qui nous ont communiqué les éléments historiques ayant permis de la rédaction de cet article !